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Procès accusant le Vatican d’avoir financé
ses réseaux d’exfiltration par l’or des nazis
 

http://www.concordatwatch.eu/showtopic.php?org_id=890&kb_header_id=7301

Le temps passe pour les victimes de l’Holocauste Croate et lorsque les derniers témoins auront disparus il sera plus facile pour le Vatican de prétendre qu’il ne s’est rien passé. L’enjeu est énorme, le Vatican ne voulant pas voir de plaintes similaires concernant des l’or des victimes’ allemandes, bien plus nombreuses.

Par Muriel Fraser de la National Secular Society
Traduction par Stephane Mabille de la National Secular Society

 

Le contexte: Ci-contre l’armoirie de "l’Etat indépendant de Croatie” mis en place par Hitler et Mussolini en 1941. Le « U » représentant son nom « Ustasha » (Oustachi), mais pour ceux vivant sous la terreur de ce régime le « U » est synonyme de « ubica », assassins [1].

Hitler et Mussolini installèrent Ante (Anthony) Pavelic à la tête du gouvernement. le nouvel état de Pavelic étant composé principalement de deux groupes : les Serbes et les Croates, deux ethnies Slaves partageant la même langue, le Serbo-Croate. Néanmoins, Pavelic n’allait pas sacrifier son idéologie raciste à une unité d’ethnie ou de langue. Peu après son accession au pouvoir, il publia un « lexique Croate, expurgé des tous les termes « serbes », une tache ambitieuse, les deux langues étant quasi identiques. » [2] Pavelic maintenu que les Croates n’avaient rien en commun avec les Serbes. Les Croates Catholiques étant des « Aryiens », les Serbes Orthodoxes des « Slaves », ce qui sous le régime nazi les rendaient “Untermenschen”, des sous-hommes. Et bien entendu pour le régime Catholique, ils avaient également fait schisme depuis 1504. Pavelic et le gouvernement des Oustachis décidèrent que la Croatie devait subir un nettoyage ethnique et religieux. Les Serbes doivent disparaitre : un tiers seront convertis au Catholicisme, un tiers expulsés et le dernier tiers exterminés. A cette occasion, Juifs et Roms subirent le même traitement..

Ceci constitue l’ « holocauste caché », qui, bien que largement connus des spécialistes, est rarement mentionné, probablement à cause de l’implication active de l’Eglise Catholique, qui profita de la terreur pour gagner 200.000 à 300.000 nouveaux convertis. [3] Le plainte introduite actuellement concerne les trois groupes victimes de l’Holocauste Croates: les Serbes, obligés de porter un brassard bleu marqué d’un « P » (Pravoslavac) pour Orthodoxe, les Juifs devant porter l’étoile de David et les Roms. La plainte ne concerne pas la manière dont les fonds ont été obtenu mes uniquement leur utilisation. Aucun historien sérieux ne contestant la version des plaignants concernant l’origine de « l’or des victimes ».

Les Serbes, Juifs et Roms furent exterminés dans leurs villages après avoir été torturés, ou brulés vivant dans leur Eglises. Ceux qui ne furent pas assassinés, furent expulsés en Serbie après avoir été spoliés de tous leurs biens ou convertis de force au Catholicisme Romain par les Franciscains ou le clergé Romain. Plusieurs furent réduit en esclavage ; le reste emmenés en camp de concentration, où la majorité périrent.

 


Le Fuehrer (Poglavnik) Pavelic en tenue militaire fasciste entouré de Franciscains


« Les dents en or volées à mes proches permirent au Vatican de financer la fuite de Nazis en Argentine » déclare William Dorich. [5]

Avec les autres survivants de l’ « Holocauste Croate », Dorich poursuit la Banque du Vatican et l’Ordre des Franciscains. Sa plainte concerne le financement des « ratlines » [6], les réseaux qui permirent d’exfiltrer d’Europe, Nazis et autres fascistes à la fin de la seconde guerre mondiale. Sa plainte accuse la Banque du Vatican et l’ordre des Franciscains d’avoir aidé les membres du régime Croate, sanguinaire et pro-Nazi à dissimuler puis blanchir des millions de dollars provenant de pilages et spoliations, y compris l’or et les bijoux confisqués dans les camps de concentration et le bénéfice tiré des travaux forcés.

Ces survivants a l’Holocauste prétendent que tout ou partie de la trésorerie du gouvernement Croate, les Oustachis, « fut reversé à une partie du clergé Romain et aux Franciscains pour être transporté à Rome », où les fonds « se retrouvèrent, finalement, entres autres dans les mains de la Banque du Vatican ».[7]

La Banque du Vatican ainsi que l’Ordre des Franciscains ont tenté d’obtenir un rejet de la plainte sous plusieurs prétextes. [8]Toutes ces procédures, induiront des délais supplémentaires à un moment où de plus en plus de plaignants disparaissent. La plainte originale fut présentée à une cour de l’Etat de Californie en novembre 1999, mais en 2003 les avocats de la Banque du Vatican et des Franciscains réussirent à arguer que la plainte était en dehors de la juridiction de la justice américaine car contenant des éléments de politique étrangère. En 2005 une Cour d’appel a renversé le jugement et autorisé la continuation de la procédure en restitution. La Banque du Vatican et les Franciscains contestèrent cet arrêt, mais en 2006, la Cour Suprême, en refusant de se prononcer à ouvert la voie à la poursuite de la procédure.

Néanmoins, l’arrêt de la Cour d’appel de 2005 n’autorise qu’une partie des poursuites, la procédure en restitution. Les survivants de l’Holocauste peuvent continuer à se battre pour la restitution des leurs biens, connus comme « l’or des victimes » ; mais la Cour, arguant qu’elle n’était pas compétente rejeta les volets concernant les crimes de guerres et contre l’Humanité à l’encontre de la Banque du Vatican et des Franciscains. [10]

L’exclusion du volet droits l’homme de la plainte originale rends la cause des survivants de l’Holocauste plus difficile à prouver. Cela retire des débats ce que Robert Lee Wolff, professeur d’Histoire a Harvard, appelle « le fait historique qu’un partie de la hiérarchie de l’Eglise Catholique Croate […] supporta la boucherie, et que certains membres de l’Ordre des Franciscains participèrent activement dans la conversion forcée et le massacre des Serbes» [11]

D’autres part l’établissement de preuves irréfutables concernant les accusations de blanchiment est difficile, en fonction de ce qu’appelle pudiquement la Cour d’appel, la gestion « trouble » de la Banque du Vatican. [12]

La Banque du Vatican, officiellement connue sous l’appellation de l’ « Institut pour les Œuvres Religieuses », est une organisation impénétrable, possédant trois conseil d’administration distincts. Elle possède une autre caractéristique surprenante : Elle ne serait jamais « auditée », les fonds déposés pouvant dès lors disparaitre sans laisser de trace. [13]

De plus, la Banque du Vatican, nie avoir tout document datant de la Seconde Guerre mondiale, étant donné qu’elle détruit systématiquement tout document de plus de 10 ans. [14]

Néanmoins, d’autres documents existent dans les archives allemandes et américaines qui indiquent que les mêmes pratiques que les accusations croates ont bien eux lieue en Allemagne. Les archives montrent que les Nazis ont transférés des fonds de la Reichbank à la Banque du Vatican et de la Banque du Vatican vers des comptes contrôlés par des Nazis en Suisse. [15] En d’autres termes, la Banque du Vatican a servi d’intermédiaire dans le transfert d’or d’Allemagne vers le secret de comptes suisses, d’où les fonds purent servir au financement des ratlines sans laisser de trace.

Les survivants de l’Holocauste doivent tenter de prouver que la Banque du Vatican a blanchi les recettes du génocide Oustachis en Croatie de manière similaire. Il n’y a qu’un seul témoin connu, l’ancien Agent Spécial de la Contre-Intelligence de l’US army William Gowen. D’après son témoignage, le préposé officiel du Vatican, Fr. Krunoslav Draganovic aurait admis à Gowen avoir reçu en 1946 à la Confrérie Croate de San Girolamo à Rome, contrôlée par les Franciscains, le chargements de dix camions de issu de la spoliation. Gowen a également témoigné que le responsable du convois, le colonel Oustachi Ivan Babic, se serait vanté auprès de lui d’avoir utilisé des uniformes et camions britannique pour transférer l’or du Nord de l’Italie à Rome. Pour ce qui est de la destination finale du trésor des Oustachi, Gowen conclu qu’elle ne peut être autre que la Banque du Vatican. [16]

La Banque du Vatican et les Franciscains ont demandé à ce que le témoignage de Gowen ne soit pas rendu public, mais une copie a été obtenue par le quotidien Israelien Haaretz qui l’a mis en ligne lors de la publication d’un article en Janvier 2006. Il utilise les preuves apportées par cet ancien agent américain pour accuser Montini, futur Pape Paul VI, de participation au blanchiment d’argent destiné aux Ratlines. D’après Gowen, un haut responsable du Vatican, chargé de chapeauter les affaires Croates à Rome, Monseigneur Draganovic, rapportant directement à Montini, a admis être l’organisateur du trafic et du dépôt du trésor des Oustachis à la Banque du Vatican. [17]

Même si les avocats des survivants de l’Holocauste parviennent à pénétrer le secret de la Banque du Vatican et à surmonter ce que la Cour d’appel a qualifié d’ « obstacles effrayant » [18] à l’obtention des preuves, cela ne sera peut-être pas suffisant. Le Vatican prépare une nouvelle défense dans le cas où les charges s’avèrent suffisantes. D’après un des avocats des victimes, les avocats du Vatican prétendent maintenant que cela était tout à fait légal de toute façon. Ignorant, le fait que durant la guerre la Croatie fasse partie d’une coalition qu’Hitler et Mussolini étendirent aux zones sous occupation, ils arguent que les victimes étaient des citoyens de l’ « Etat Indépendant de Croatie ». Cette nation, qui fut appelée « un énorme abattoir » [19] ne fut jamais reconnu que par les membres de l’Axe germano-italien et le Vatican. L’Eglise argue que la reconnaissance de ce régime génocidaire fait de l’utilisation de l’or spolié une simple affaire financière interne à l’état Croate et que le blanchiment par la Banque du Vatican n’a violé aucune législation internationale. [20]

Les cyniques pourraient être tenté de comparer ces dernières manœuvres du Vatican à l’Inquisition, qui elle aussi était parfaitement « légale ». [21]

Notes

La meilleure référence en ligne est “Vatican Bank Claims”, le site des avocats représentant les victimes de l’Holocauste Croate. http://www.vaticanbankclaims.com

[1] Jasenovac, Illustration # 4.
http://www.jasenovac-info.com/cd/biblioteka/vecni_pomen/jasenovac_en.html
[2] Richard West, Tito and the Rise and fall of Yugoslavia, (Sinclair-Stevenson, 1994), p. 78.
[3] Gail Harmon, War in the Former Yugoslavia: Ethnic Conflict or Power Politics? Dissertation, Boston College, 2007, p. 100.
http://dissertations.bc.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1175&context=ashonors
[4] US District Court, Northern District Of California, San Francisco, filed 21 January 2000, Alperin v. Vatican Bank, § 31.
http://www.skolnicksreport.com/suit.html
[5] Ron Grossman, “Lawsuit accuses Vatican Bank of role in World War II crimes”,
Chicago Tribune, 8 July 2005’
http://www.vaticanbankclaims.com/tribune.htm
[6] “Ratlines”, Wikipedia.
http://en.wikipedia.org/wiki/Ratlines_%28history%29
En francais: “Reseaux d’exfiltration Nazis”, Wikipedia. http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9seaux_d%E2%80%99exfiltration_nazis
[7] “Court clears way for suit against the Vatican Bank for Nazi gold”, Silicon Valley / San Jose Business Journal, 18 April 2005.
http://www.bizjournals.com/sanjose/stories/2005/04/18/daily9.html
[8] “Nazi gold-Vatican Bank ruling [US Ninth Circuit Court of Appeals], Jurist [University of Pittburgh School of Law], 18 April 2005.

http://jurist.law.pitt.edu/gazette/2005/04/nazi-gold-vatican-bank-ruling-9th.php
[9] US Court of Appeals, Ninth Circuit, Opinion No. 03-15208, D.C. No. CV-99-04941-MMC, Alperin v. Vatican Bank. Argued and Submitted
October 7, 2004—San Francisco, California. Filed April 18, 2005; p. 46.
http://www.ca9.uscourts.gov/ca9/newopinions.nsf/0BFF2CFAE79835FD88256FE7005BEA8C/$file/0315208.pdf?openelement
[10] Ibid., p. 8.
[11] “What was fascism?: Reply by Istvan Deak” [Professor of History, Columbia University], New York Review of Books, Volume 30, Number 9, 2 June 1983.
http://www.nybooks.com/articles/6208
[12] “Court clears way for suit against the Vatican Bank for Nazi gold”, op.cit.
http://www.bizjournals.com/sanjose/stories/2005/04/18/daily9.html
[13] John Loftus, former US Department of Justice prosecutor with the Nazi-hunting OSI unit, quoted by Jonathan Levy, “The Vatican Bank”,
ed. Russ Kick, Everything You Know Is Wrong: The Disinformation Guide to Secrets and Lies, 2002, p. 19.
http://books.google.com/books?id=T75G7hLlk80C&pg=PA19&lpg=PA19&dq=loftus+%22osi
+unit%22&source=web&ots=ABfGVLzusl&sig=SeGIC9RubNBDZGHwzRXVsUEh96U#PPA20,M1
[14] Franzo Grande Stevens, Vatican Bank's attorney, quoted ibid.
[15] Levy, op. cit.
[16] Vatican Bank Lawsuit Plaintiffs, “Current Update:Vatican Bank Lawsuit Progressing”, Press release, 23 February 2006
http://www.vaticanbankclaims.com/update.htm
[17] Yossi Melman, “Tied up in the Rat Lines”, Haaretz, 17 January 2006.
http://www.haaretz.com/hasen/spages/670245.html
[18] US Court of Appeals, Ninth Circuit, op. cit., p. 48, footnote 17.
[19] Misha Glenny, Balkans: Nationalism, War, and the Great Powers, 1804-1999. New York: Penguin, 1999, p. 486.
http://dissertations.bc.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1175&context=ashonors
[20] Vatican Bank Lawsuit Plaintiffs “Pius XII – The Tainted Saint” Press release,
15 May 2007.
http://www.vaticanbankclaims.com/pius.htm
[21] Jonathan Petre, “Inquisition was a mistake but legally justified, claims Vatican official”, Daily Telegraph, 30 January 2006.
http://www.telegraph.co.uk/news/main.jhtml?xml=/news/2006/01/30/ninq30.xml

 

 



 


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